figures de la collégiale I Les saintes reliques
RELIQUES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI À LA COLLÉGIALE
Article extrait du bulletin de la FSSP Lyon, Communicantes n°86 – Février 2015 – Avec l’aimable autorisation du Supérieur
L’origine du culte des reliques est indissolublement liée à la vénération des martyrs. En effet, le mot “reliques qui signifie “restes”, fut d’abord appliqué aux corps saints de ceux qui avaient été suppliciés pour leur foi.
Sur les tombeaux des martyrs, les chrétiens se réunissaient pour célébrer “l’anniversaire de leur naissance au ciel” par des agapes et des célébrations liturgiques. On sait que c’est sur ces tombeaux ou auprès d’eux que s’élèveront, dès le cinquième siècle, les premières basiliques cimétériales lyonnaises telles celle des Macchabées (qui deviendra Saint-Just) et celle de Saint-Jean (qui deviendra Saint-Irénée).
Dès le quatrième siècle, chaque église voulait avoir ses reliques qu’on plaçait ordinairement sous l’autel ou dans l’autel. Or, les nouveaux martyrs se faisaient rares depuis qu’était passé le temps des grandes persécutions. A défaut d’un martyre tout entier, on cherchait à s’en procurer une partie. A partir du cinquième siècle, le groupe des « saints » s’élargit aux confesseurs, ceux qui s’étaient montrés les témoins du Christ, non par le martyre, mais par la sainteté de leur vie. Saint Just fut le premier évêque confesseur vénéré à Lyon. De toutes parts on réclamait des reliques. On en vint donc à considérer comme « relique » d’un saint (martyr ou non), non seulement sa dépouille mortelle, le sens premier du terme, mais aussi ce qui lui avait appartenu ou qui avait été en contact avec lui vivant ou mort : son sang, ses vêtements, des objets lui ayant appartenus, la poussière recueillie sur son tombeau… La plupart des très nombreuses reliques que contenaient la basilique Saint-Just puis la collégiale ont aujourd’hui disparu, soit au moment du pillage par les troupes du baron des Adrets (protestants), soit pendant la terreur. Celles qui subsistent sont pour la plupart actuellement conservées en l’église Saint-Irénée dans des chasses ou des reliquaires du 19ème siècle. Les reliquaires anciens ont été fondus en 1790 quand toute l’argenterie des églises de France dut être envoyée à la Monnaie pour venir en aide au Trésor Public.
Saint Alexandre
Saint Alexandre fait partie du groupe des martyrs lyonnais avec saint Pothin, sainte Blandine, saint Pontique, saint Epipode… Il était grec, médecin, et était arrivé à Lyon avec saint Pothin. Il fut martyrisé en 177 : torturé puis finalement crucifié. Son corps fut recueilli par les premiers chrétiens de Lyon, caché dans une grotte sur l’actuelle colline de Fourvière. Il fut ensuite conservé dans la basilique Saint-Jean (future église Saint-Irénée) puis, après les profanations protestantes de mai 1562, tous ses os furent jetés « par terre » et foulés par les passants. On ne put récupérer que sa main droite qui fut confiée à la collégiale Saint-Just. En novembre 1793, elle fut jetée avec d’autres reliques dans le cimetière voisin de l’église mais l’un de ceux qui participaient au pillage la prit et la confia à sa femme pour qu’elle la garde.
Longtemps après la mort de cet homme, en 1819, sa veuve se décida à la rapporter à un ancien chanoine de Saint-Just. Dûment reconnue et authentifiée, la main droite de saint Alexandre retrouva sa place dans le trésor de la collégiale. Elle était conservée, avec le chef de saint Just, dans une niche fermée par une grille en fer forgé en face de l’entrée de la sacristie.
Saint Just
Le corps du treizième évêque de Lyon, mort en Egypte vers 390, fut déposé dans la basilique des Macchabées qui prit dès lors le nom de Saint-Just. Son clerc, saint Viateur, qui l’avait accompagné en Egypte, sera inhumé auprès de lui. Plusieurs évêques de Lyon, du 4ème au 7ème siècle le seront aussi : Alpin, Antioche, Elpide, Patient, Lupicin, Etienne, Arige, Rémi… En 1287, lorsque la grande basilique de Saint-Just fut achevée, on déposa son corps dans une magnifique châsse d’albâtre soutenue par quatre colonnes de marbre, derrière le maître autel de la basilique. Mais, à cette époque, son corps n’était déjà plus complet. On ne conservait qu’un os de son bras, une partie de sa colonne vertébrale et sa tête. La magnifique châsse fut détruite ainsi que toute la basilique en 1562 par les troupes calvinistes du baron des Adrets. Le bras de saint Just disparut dès les premiers troubles. Les dépouilles de tous les évêques qui y étaient enterrés disparurent également. De saint Just lui-même, deux reliques survécurent (sans compter les parcelles qui furent incorporées dans le maître autel de la nouvelle église et qui s’y trouvent encore). Il semble bien que ce soit sa colonne vertébrale que la paroisse Saint-Irénée possède toujours, associée à des reliques des Macchabées. Quant à la tête de notre saint (plus exactement sa calotte crânienne), malheureusement nous ne l’avons plus car elle a été volée en 1995.
Ces deux reliques furent en effet sauvées de la folie destructrice en 1562. Pendant tout le 18ème siècle, le chef de saint Just fut encore porté solennellement dans les processions ordinaires, comme celle de l’Ascension, ou extraordinaires, comme celle que l’on faisait pour réclamer la pluie. Jeté en 1793 dans le cimetière voisin de la collégiale avec d’autres reliques, il fut recueilli par le sacristain qui le remit plus tard au clergé de l’église et il réintégra son reliquaire d’argent, qui fut lui aussi apparemment sauvé de la fonte. En 1855, la confrérie des Trente-trois, vénérable confrérie de Saint-Just formée d’autant de membres que Jésus a passé d’années sur la terre, et qui s’occupait plus particulièrement de tout ce qui touchait à Saint-Just (sa chapelle, son autel, ses reliques…), décida de faire refaire à neuf le buste de saint Just. Mais, en 1867, la même confrérie se laissa persuader par le curé qu’il fallait remplacer le buste reliquaire par une châsse. Cette dernière fut terminée en 1870. Elle est faite de bois et de tôle et représente l’église Saint-Just. Malheureusement, il n’y a aujourd’hui plus rien dans cette châsse car le chef du saint patron de notre église qui avait survécu aux vandales de 1562 et de 1793, n’a pas résisté aux voleurs de 1995. Quand à son reliquaire qui était dans la niche, en face de l’entrée de la sacristie, il est semble-t-il, aujourd’hui, à l’église Saint-Irénée.
Mais les reliques de saint Alexandre, de saint Just et de ses successeurs, si elles étaient les plus illustres, n’étaient pas les seules reliques qu’abritait la fière collégiale des chanoines barons de Saint-Just. Certaines étaient assez pittoresques: le catalogue dressé vers 1240 signale, à coté de reliques de saint Thomas, saint Laurent, saint Christophe, du vieillard Siméon, de sainte Agathe, sainte Marguerite, sainte Madeleine…, un morceau du manteau rouge de l’archange saint Michel, des pierres avec lesquelles le premier martyr, saint Étienne, fut lapidé, un fragment d’habit de la Sainte Vierge et la relique de l’un des Saints Innocents.
Cette dernière ayant été donnée à la collégiale Saint-Just par un duc de Savoie, roi de Chypre. En 1483, le roi Louis XI fit don au chapitre de Saint-Just d’un reliquaire en or en forme de berceau pour abriter cette relique. Le berceau disparut en 1562 mais la relique ne disparut qu’à la révolution. Jusqu’en 1742, les clercs de Saint-Jean vinrent en procession auprès de cette relique chaque 28 décembre, après avoir élu le patriarche des innocents, roi d’un jour des enfants de chœur et des jeunes clercs. Il reste aujourd’hui encore des reliques à Saint-Just : dans un grand coffre de bois, des reliques de saint Claude, « martyr des catacombes », dans une autre boîte (que nous n’avons toujours pas trouvée) des ossements de saint Fortunat et de saint Constantin, ainsi que plusieurs reliques variées (ossements, morceaux d’étoffes…) de sainte Claire et sainte Justine, vierges et martyres, données au chapitre de Saint-Just par les dames de l’Antiquaille en 1666-1667.
Trois autres reliquaires sont inventoriés. L’un d’eux regroupe des reliques de saints régionaux : saint François de Sales, sainte Jeanne de Chantal, sainte Marguerite-Marie Alacoque et saint Jean-Marie Vianney. Un autre reliquaire contient un fragment de la vraie croix et un dernier, une relique de sainte Philomène.
D’après “Reliques d’hier et d’aujourd’hui à Saint-Irénée et Saint-Just” par Simone Wyss. Association culturelle des sanctuaires de Saint-Irénée et Saint-Just.