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Collégiale Saint-Just – Mémoire et Patrimoine

figures de la collégiale I Bienheureuse Marie-Pauline Jarirot

BIENHEUREUSE MARIE-PAULINE JARICOT

“L’or et l’argent, dont le dragon de l’abîme fait sa litière, ne s’entassent à cette heure que pour répandre au loin la peste des mauvaises doctrines et la corruption des mœurs.”   Lettre du 3 décembre 1848

“Je cherche devant Dieu le moyen de remédier au découragement, à l’immoralité et à l’exaspération qui se manifestent de plus en plus dans les masses. Il me semble aujourd’hui avoir acquis la certitude qu’il faudrait d’abord rendre à l’ouvrier sa dignité d’homme, en l’arrachant à l’esclavage d’un travail sans relâche ; sa dignité de père en lui faisant goûter les douceurs et les charmes de la famille; sa dignité de chrétien en lui procurant, avec les joies du foyer domestique, les consolations et les espérances de la Religion. En un mot, je voudrais qu’on rendit l’époux à l’épouse, le père à l’enfant et Dieu à l’homme”. Lettre du 03 décembre 1848

Pauline Jaricot est née à Lyon, le 22 juillet 1799, dans une famille de soyeux lyonnais, profondément attachée à l’Église. Sa vie s’écoule au cœur de Lyon, entre les paroisses de Saint-Nizier et Saint-Polycarpe, puis au pied de Notre-Dame de Fourvière.

Elle connaît une enfance heureuse, imprégnée de l’affection et de la foi vive de ses parents et de ses frères et sœurs aînés. Les visites au Saint Sacrement et la communion fréquente lui permettent très tôt une intimité avec le Seigneur. À l’adolescence, elle aime les plaisirs, les mondanités, l’élégance et se détourne de Dieu, quand un sermon sur la vanité la bouleverse et va provoquer une véritable conversion intérieure.

Elle décide de consacrer sa vie au Seigneur, fait vœu de chasteté à la Chapelle de la Vierge de Fourvière à Noël 1816, tout en restant une laïque. Sa vie ne sera plus désormais qu’une longue montée vers Dieu. Elle puisera sa force dans la prière, l’Eucharistie, pour entreprendre ses multiples actions charitables, universelles, sans distinction de personnes. Âme de feu, femme d’action, apôtre inlassable, elle prendra des initiatives audacieuses pour le service de l’évangélisation, pour une plus grande justice sociale, tout en redonnant, le goût de la prière.

Entre 1819 et 1820, avec quelques amies parmi les ouvrières ou des proches, réunis par une vie de prière et d’actions charitables, elle imagine une collecte faite de la main à la main, “Le sou de Pauline” pour recueillir des fonds pour les missions. Elle met en pratique un plan basé sur le système décimal : des groupes de dix personnes, chaque personne formant à son tour un autre groupe de dix et ainsi de suite. Ce système s’étendra rapidement dans le monde et deviendra l’Association de la propagation de la foi, créée le 3 mai 1822.

En 1826, en réponse aux besoins spirituels de son temps, Pauline Jaricot fait naître le Rosaire vivant. Elle adopte un moyen analogue à celui de la Propagation de la foi : quinze personnes, quinze  mystères (aujourd’hui vingt mystères depuis que le pape Jean-Paul II a ajouté les mystères lumineux) ; chaque associé récite une dizaine de chapelet en méditant un des mystères de la vie de Notre-Seigneur, avec l’intercession de Marie ; ce mystère est tiré au sort par une « zélatrice » responsable du groupe. À sa mort, on comptera environ en France 2 250 000 associés. Le Rosaire vivant se répandra dans le monde entier jusqu’à nos jours.

En 1845, Pauline envisage de mettre en œuvre un plan évangélisation de la classe ouvrière. « La plaie sociale dont souffre la France étant dans l’agglomération de la classe ouvrière, je voudrais faire de cette agglomération même, un moyen de salut… En un mot, je voudrais qu’on rendît l’époux à l’épouse, le père à l’enfant, et Dieu à l’homme. » Elle achète une usine pour en faire un modèle d’esprit chrétien. Un bâtiment attenant loge les familles, et, à côté, se trouvent une école et une chapelle. Elle en confie la gestion à des personnes qui se révèleront malhonnêtes. L’œuvre ne peut continuer. Elle engloutit toute sa fortune et passera le reste de ses jours dans la plus grande pauvreté, quêtant pour rembourser ses dettes. Ce sera son long chemin de croix.

En 1861, sa maladie de cœur s’aggrave. Son union intime avec le Seigneur et son effacement humble lui permettront un acte de profond pardon. « Une pauvre qui n’a que Dieu seul pour ami, Dieu seul pour soutien… mais Dieu seul suffit. »

Le 9 janvier 1862, Pauline meurt dans sa maison de Lorette. Pauline Jaricot a nourri son énergie pour le service de l’évangélisation dans l’union à Dieu. Elle nous engage à l’action, puisée dans la contemplation, dans l’intimité avec le Christ, dans l’Eucharistie. Prions pour que, parvenue à l’honneur des autels, son exemple puisse servir l’église tout entière. Léon XIII dira : « Par sa foi, sa confiance, sa force d’âme, sa douceur et l’acceptation sereine de toutes les croix, Pauline se montra une vraie disciple du Christ » (bref du 13 juin 1881).

Le corps de la vénérable Pauline-Marie Jaricot est déposé dans une chapelle de l’église Saint-Nizier de Lyon et son cœur dans une chapelle de l’église Saint-Polycarpe de Lyon également.