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Collégiale Saint-Just – Mémoire et Patrimoine

Collégiale Saint-Just : les saints patrons de l’église

Par Pierre Pueyo, historien, responsable des visites de la collégiale Saint-Just  Photographies: Archives Municipales de Lyon – Association Collégiale Saint-Just  Mémoire et Patrimoine

Assez difficile à repérer, car dépourvue de clocher et encastrée au milieu des maisons, l’église actuelle apparait brusquement au regard des visiteurs qui ne manquent pas de remarquer son imposante et rigoureuse façade de style classique dressée de 1704 à 1711 par l’architecte Ferdinand Delamonce. Son interprétation est riche d’enseignements.

L’image ci-contre est extraite d’un  plan général anonyme scénographique réalisé vers 1550, repris en 1872 par la Société de topographie historique de Lyon, et dont une épreuve est conservée à la Bibliothèque de Lyon. La superposition  des deux plans montre l’église saint Just sur son ancien emplacement (aujourd’hui, la rue des Macchabées) avant sa destruction en 1562.

Voir: plan sur le site des archives municipales de Lyon

Également: Le Plan Scenographique de Lyon vers 1550

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Bien qu’assez récente (XVIe-XVIIe siècles) par rapport à la primatiale Saint-Jean, aux églises Saint-Martin d’Ainay, Saint-Paul, Saint-Nizier ou Saint-Bonaventure, elle est cependant l’héritière d’une longue tradition urbaine et religieuse à la fois.

Elle fut construite, à l’initiative des chanoines de Saint-Just, à partir de 1565 pour remplacer une église antérieure détruite en 1562 pendant les guerres de religion par les troupes protestantes du baron des Adrets. Mais la ville de Lyon elle-même avait envisagé de la détruire pour la remplacer par une citadelle qui aurait été le pendant au sud du château de Pierre-Scize au nord. Après la destruction de leur église, les chanoines avaient trouvé refuge dans le couvent des Minimes à la Croix de Colle, l’actuelle place des Minimes, comme cela leur était permis par un accord de 1555, puisque l’emplacement se trouvait précisément dans les terres dépendant du chapitre de Saint-Just. Cette situation ne pouvant être que provisoire et que source de difficultés, les chanoines achetèrent en 1564 une hôtellerie à l’enseigne de Jésus située rue des Farges à l’intérieur des remparts de la ville et louèrent pour se loger des appartements dans les maisons voisines.

L’église nouvelle accueillit les premiers offices pour la Noël 1565. Les bourgs ou faubourgs de Saint-Just et Saint-Irénée furent rattachés à la ville en 1585. L’église précédente s’élevait rue des Macchabées, à quelque 300 mètres d’ici. Ce sont d’ailleurs les matériaux provenant des ruines de l’ancienne église qui ont servi à construire la nouvelle. Sur cet emplacement a été aménagé, dans les années 1970, un jardin archéologique où l’on peut repérer les trois édifices qui s’y sont succédé de la fin du IVe siècle jusqu’aux destructions de 1562. Le premier, datant du Ve siècle, aurait été d’abord dédié aux frères Macchabées avant de prendre le nom de l’évêque saint Just dont il abritait les restes. Une deuxième église fut aménagée au VIe siècle. Au IXe siècle, fut institué un chapitre de chanoines, auquel fut rattaché à la fin du siècle celui de Saint-Irénée. Puis il y eut séparation des deux chapitres au XIIe siècle. Un cloître fortifié fut alors construit. Le troisième édifice fut consacré en 1251 par le pape Innocent IV qui séjournait dans le cloître de Saint-Just depuis 1245 à l’occasion du concile de Lyon. En 1269-1270, le cloître fut assiégé par l’armée des bourgeois lyonnais révoltés contre les chanoines-comtes de Saint-Jean qui y avaient trouvé refuge. Le pape Clément V y fut couronné en 1305. Le cloître accueillit des rois à plusieurs reprises du XIIIe au XVIe siècle.

La famille de Tournon, dont les aînés ajoutaient le prénom de Just à celui de leur baptême, car, selon la tradition, saint Just aurait appartenu à cette famille, contribua largement à la fondation de l’église et aida à la rebâtir après 1562.

Façade de la collégiale par Delamonce - Architecte - 1750

Le seigneur de Tournon en posa la première pierre et les aînés de cette famille avaient le titre de chanoine-baron de Saint-Just.

Comme celles qui l’avaient précédée, la présente église Saint-Just fut jusqu’à la Révolution à la fois paroissiale et collégiale, c’est-à-dire desservie par un chapitre, ou collège, de chanoines, les chanoines-barons de Saint-Just, dont les armoiries figuraient sur la façade de l’église, et qui étaient assistés par des prêtres perpétuels. Faute d’argent, la construction de l’église s’étala sur plusieurs siècles et se fit par portions successives :

  • fin du XVIe siècle : sur les plans de du Chaffault, ingénieur du roi, construction de la nef, des deux collatéraux et d’un chœur provisoire (première consécration par Mgr d’Epinac le 8 avril 1591, jour anniversaire de la consécration de l’ancienne basilique par Innocent IV) ;
  • 1662-1663 : construction du chœur (deuxième consécration le 28 décembre 1663, jour des Saints Innocents, par Mgr de Neuville) et allongement des collatéraux ;
  • 1666 : construction du jubé ;
  • 1700-1703 : voûtement de la nef et élargissement du collatéral sud ;
  • 1704-1711 : construction de la façade par Jean et Ferdinand Delamonce ;
  • 1746 : achèvement de la décoration intérieure.

L’église Saint-Just était l’une des stations du grand chemin de croix qui, le Vendredi Saint, menait les fidèles depuis l’église Sainte-Croix près de la primatiale jusqu’au calvaire érigé à Saint-Irénée.

Au début des années 1790, le chapitre fut dissous et ses biens confisqués. L’année 1793 fut particulièrement préjudiciable pour l’église du fait notamment des destructions du mois de novembre. Plusieurs chanoines et prêtres furent guillotinés. L’église fut cependant ré-ouverte au culte en novembre 1795 et, de manière officielle, en 1803 à la suite du Concordat. Mais elle n’était plus que paroissiale.

De nouveaux travaux furent réalisés au XIXe siècle :

  • 1807 : démolition du jubé ;
  • 1828 : rétablissement des sculptures sur la façade ;
  • 1831 : construction de l’arc triomphal du chœur et de l’actuel maître-autel (consacré en 1831 par Mgr de Pins) ;
  • 1839 : décoration du revers de la façade.

Le clocher, qui datait de la fin du XVIe siècle, fut frappé par la foudre et sa partie supérieure fut démolie en 1912. Les paroisses Saint-Irénée et Saint-Just sont réunies depuis 1970. L’église Saint-Just est classée depuis 1980 au titre des Monuments historiques.

Après avoir accueilli, de 1996 à 2014, la paroisse orthodoxe de la Sainte-Rencontre, l’église Saint-Just est, depuis 2014, mise par l’archevêché de Lyon à la disposition de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre et la liturgie y est célébrée selon la forme extraordinaire en vertu du Motu proprio Summorum Pontificum.

Détail du plan Moithey-Maurille

Extrait du plan scénographique Moithey-Maurille (consultable ici)

Façade de l’église des Macchabées à Saint-Just, vue en plongée vers 1920. On peut apercevoir sur la gauche de l’image les restes de l’ancien clocher qui datait de la fin du XVIe siècle, et qui fut frappé par la foudre et sa partie supérieure démolie en 1912.

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